top of page

Le bourg de Blanzaguet,

pas à pas...

 

La commune actuelle, « Blanzaguet Saint-Cybard » est formée de la réunion de trois villages : Blanzaguet, le Peyrat et Saint-Cybard.

Le bourg de Blanzaguet se situe entre Villebois-Lavalette (en Charente) et  La Rochebeaucourt (en Dordogne), bordé par le Voultron (affluent de la Lizonne, qui rejoint la Dronne)...

Historiquement, le bourg, sis en Angoumois, était un fief des seigneurs de Villebois : il dépendait alors de la châtellenie de Lavalette. En revanche, les églises de Blanzaguet, de Saint-Cybard et du Peyrat dépendaient du diocèse de Périgueux.

Le nom de « Blanzaguet » est une dérivation de « petit Blanzac »  auquel est ajouté le suffixe « ac »/ « acum » qui induit « le domaine d’ » un riche romain (Blandius ?). La présence romaine n’est pas surprenante dans la région puisque la voie romaine appelée le « chemin Boisné » reliait les cités de Vesuna (Périgueux) à Mediolanum Santonum (Saintes) et passait non loin d’ici traversant Charmant (à quelques kilomètres). Concernant le suffixe « et » (de « Blanzac » à « Blanzaguet »), il s’agit d’un diminutif occitan (en effet, la langue d’Oc était parlée ici...). Blanzaguet signifierait-il alors « petit domaine de Blandius » ?

 

 

 

Œ 1/ Le château (actuelle mairie)... & ses seigneurs

 

La tour des Poitevin de Blanzaguet est mentionnée dès le XIIème siècle dans « Historia Pontificum et Comitum Engolismensium ». Cette famille des Poitevin demeurera à Blanzaguet pendant plusieurs siècles. Marguerite Poitevin (fille de Guillaume de Poitevin et Guyonne Desmier), dame de Blanzaguet, dernière représentante des Poitevin, épouse vers 1560 François de Xans ; leur fils, Bernard, est procureur de Bergerac, écuyer, seigneur de la Cour de Blain, de Gastaudias et de Blanzaguet, En 1616, sa fille, Marie épouse Charles de Galard de Béarn (branche de La Vaure et Argentine). Leur fils, Charles, formera à partir de 1649 un rameau détaché de la branche comtale des Galard de Béarn : celle des Galard de Béarn de Blanzaguet. Il sera le premier Galard de Béarn à porter le titre de seigneur de Blanzaguet.

La famille Galard de Béarn, connue dès le Xème siècle, est, comme son nom l’indique, originaire du Sud-ouest. Elle tirait son origine des comtes de Condomois, issus des ducs de Gascogne, et son nom de la terre de Galard (ou Goalard), première baronnie du Condomois, située dans les confins de l’Agenais... Cette importante famille se divisa en deux branches principales : les Galard-Terraube et les Galard de Brassac de Béarn, établie en Quercy, où elle possédait la terre de Brassac depuis 1270. Cette deuxième branche était elle-même subdivisée en plusieurs rameaux : les seigneurs de Repaire, les seigneurs de La Vaure, et les seigneurs d’Argentine, dont sont issus ceux de Blanzaguet.

Certains membres de cette famille se sont illustrés, notamment Guillaume de Galard, qui fut caution pour le roi de France Philippe-Auguste, dans un traité conclu avec Jean sans Terre, roi d’Angleterre en 1200 ; Jean de Galard de Brassac de Béarn (1579-1645), comte de La Rochebeaucourt, conseiller d'État  et ambassadeur de France au Saint-Siège à Rome ; Alexandre Léon Luce de Galard de Brassac de Béarn (1771 -1844), baron de la Rochebeaucourt et chambellan de Napoléon Ier...

Les Galard de Béarn conservèrent le château de Blanzaguet jusqu’au mariage de Jeanne de Galard, fille de Pierre de Galard de Béarn, en 1757 ou 1759, avec Philippe-Paul de Maillard qui vendit le château en  1762, à François d'Aubert d'Aubœuf, dernier seigneur jusqu'à la Révolution.

En 1867, la commune acheta le château qui devint alors la mairie, l’école... A la fin du XIXème siècle, l’aile ouest du château fut aménagée pour accueillir le presbytère. Aujourd’hui, l’édifice abrite la mairie et des logements...

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la tour des Poitevin ne serait ni celle qui, dans toute sa hauteur est intégrée dans le château actuel, ni celle dont les vestiges constituent un kiosque dominant l’arboretum (dont la base est une salle voûtée). La tour des Poitevin serait en fait à l’angle sud-est du château... On remarque en effet un décalage au niveau du mur, comme un raccordement au niveau des bâtiments médiévaux et ceux ajoutés aux XVIème ou XVIIème siècles... La tour médiévale était donc rectangulaire. A l’intérieur, se trouve encore une salle voûtée.  Lors des travaux ultérieurs, la tour médiévale des Poitevin a été arasée. Une ouverture rappelant une archère est visible sur la façade sud. Le rôle défensif de cette ouverture n’est pas certain et elle pourrait plutôt être un  puits de lumière. Sur la façade nord, on remarque trois ouvertures du même type... Côté sud, la tour des Poitevin, donc le château médiéval, était défendue grâce à sa position en hauteur. On remarque l’assise en rocher de l’édifice, surplombant le « vivier » ; le Voultron s’écoulant un peu plus bas constituait une défense naturelle. Aussi, la tour dont il ne reste que la partie basse (au sud-ouest) serait une tour de défense.

Les familles de Xans (ou Sans ou bien Sens) et de Galard de Béarn ont procédé à des agrandissements du château primitif. Le cadastre napoléonien de 1826 montre deux tours flanquant le corps de logis composé de deux ailes en retour. De ces deux tours, aujourd’hui, il ne reste que la tour ronde couverte en poivrière à l’angle sud-ouest. Aussi, début XIXème siècle, le mur d’enceinte se poursuivait plus au nord et à son angle septentrional il y avait une tourelle, disparue aujourd’hui. Par ailleurs, sur ce plan de 1826, on voit aussi la tour décalée vers l’ouest.

 

 

 2/ L’Eglise

 

L’église romane « Saint Pierre-Saint Paul » a été construite au XIIème siècle. A l’origine sous le vocable de Saint-Pierre, elle appartenait à l’archiprêtré du Peyrat (où se trouvait aussi un prieuré) et dépendait du diocèse de Périgueux.  Elle dispose d’une nef unique terminée par un chevet en abside avec arcades, couvert de lauzes. Le clocher dont la partie supérieure a été détruite, probablement pendant les guerres de religion (au XVIème siècle), a été reconstruit avec quatre baies rectangulaires.

A l’intérieur, la nef, de trois travées, est voûtée en berceau brisé sur doubleaux. Elle est désaxée à cause de la tour d’escalier située au nord et qui permettait d’accéder à une salle refuge avant que la hauteur ne soit arasée.

Le clocher repose sur un faux-carré surplombé d’une coupole sur pendentifs.

L’abside semi-circulaire est voûtée en cul de four.

Les statues de Saint Pierre (reconnaissable aux clefs qu’il porte à la ceinture) et Saint Paul (qui ne dispose plus de son épée !), situées dans le chœur, dateraient du XVIIème siècle, tout comme la statue de la Vierge et l’ange qui sont dans la nef et probablement réemployés...

Les fonts baptismaux dans la nef datent du XVIIIème siècle.

La sacristie a été ajoutée au XIXème siècle. L’autel, en chêne, décoré de panneaux sculptés (au centre, se trouvent la Samaritaine avec le Christ ; à gauche, Saint Pierre ; à droite, Saint Paul), placé dans le chœur, le chemin de croix, le confessionnal, la cloche, et probablement la chaire datent de la même époque.  Par ailleurs, le cimetière, attenant à l’église, a été agrandi en 1861 et béni par l’évêque Mgr Cousseau.

En 1920, l’église est classée Monument Historique. Enfin, les vitraux, les lustres en métal doré et boules de verres (créés par l’Atelier Garnier) et les tableaux sont contemporains.

A l’extérieur, le portail de la façade ouest dispose de trois voussures reposant sur des colonnettes surmontées de chapiteaux. Les plus anciens sont décorés de feuillages ou d’animaux et de feuillages entrelacés. Les chapiteaux les plus récents disposent de cônes évasés. Les deux premières voussures sont en arc brisé ; la première est décorée de losanges en saillie, le deuxième est nu. La troisième voussure présente deux tores et une gorge. L’archivolte est décorée en dents de scie. Au-dessus du portail se trouve une baie romane étroite. 

Les murs nord et sud sont soutenus par des contreforts doublés. Sur le mur sud, percé d’une porte moderne, la hauteur montre que l’édifice a été rehaussé pour être fortifié. Cela fait supposer qu’il y avait probablement un chemin de ronde avec mâchicoulis.

Le chevet est percé de sept arcades dont la centrale et les deux le plus au nord et au sud ne sont pas aveugles. Toutes reposent sur des colonnes à chapiteaux séparées par une colonne montant jusqu’à la corniche. Les plus anciens modillons sont ornés de tores ou de pointes de diamants ; les autres sont décorés de chanfreins. Les ouvertures en plein cintre présentent des archivoltes moulurées avec des dents de scie. 

Le mur nord présente globalement les mêmes dispositions que le mur sud mais à la place d’un contrefort, on remarque une tour d’escalier percée de trois baies à l’angle sud-ouest du faux carré. La sacristie est accolée. On découvre aussi une porte aujourd’hui murée.

Dans les années 2000, l’église a été restaurée.

 

Ž 3/ Maison à balet & four à pain

 

Un peu plus à l’ouest de l’église et du château, dans la rue principale, on remarque une grange du XIXème siècle puis une maison à balet qui daterait de la fin du XVIIIème siècle. Il s’agit d’une maison à étage desservi par un escalier extérieur surmonté d'un auvent. C'est un type de maison traditionnelle, représentative d'une architecture paysanne ou villageoise que l'on rencontre plutôt dans le Sud-ouest, notamment dans les Charentes et dans le Périgord...

A côté de cette maison, on remarque un ancien four à pain. On ignore si celui-ci était un four banal, c'est-à-dire mis à disposition par le seigneur aux habitants Le seigneur en imposait l'usage à ses sujets et percevait alors une redevance pour chaque utilisation. Néanmoins, la proximité du château, l’emplacement central du four dans le village, le fait qu’il ne soit pas attenant à une autre construction  et son existence sur le cadastre napoléonien peut le laisser supposer...

 

 4/ Arboretum

 

L’arboretum a été créé en 2000, avec la volonté de prolonger le travail de mise en valeur du bourg, en traitant cet espace naturel comme un jardin, un lieu de promenade...

Face à l’église et bordant le château, sur la terrasse, se trouvent des jardins thématiques : une vigne évoquant le « sang du Christ » suggéré par la proche église, un jardin de curé rappelant l’ancien presbytère aménagé auparavant dans une partie du château, des massifs de fleurs bordés de haies basses, souvenirs des jardins à la française qui ont pu animer l’ancien parc du château... Un jardin médiéval, réalisé par « les compagnons du végétal », complète l’ensemble depuis 2021.

En contrebas, dans le parc, différentes essences sont plantées : platanes à feuilles d’érables, sureaux, cyprès chauves, érables argentés, cyprès de Lawson, chênes truffiers... Et au milieu des arbres, une « curiosité » intègre la nature, à moins que ce ne soit l’inverse. Olivier de Sépibus, plasticien et photographe,  a conçu « Submersion » et  révèle l’identité cubique de l’œuvre en plongeant le promeneur dans une autre réalité : la création cubique en troncs de châtaigniers invite à entrer dans son centre de lumière où les arbres seraient comme pétrifiés. « Submersion » est une œuvre du  diptyque formé avec celle située à Magnac-Lavalette : « Immersion ». « Submersion » opère alors comme le « positif » de « Immersion »... Ici, une quarantaine de  troncs sont dressés, formant un cube de trois mètres de côté. Au centre de ce cube en émerge un autre, d’un mètre de côté, avec des tubes d’inox qui entourent les troncs. Il se produit alors un trou de lumière au centre de l’œuvre. Cette pièce a un fort aspect sculptural. Elle opère comme l’aboutissement de la volonté de réduire la nature à l’état d’objet...

 

Sources :

Archives départementales de Charente

Archives diocésaines de Dordogne

Historia Pontificum et Comitum Engolismensium » (Histoire des évêques et des comtes d’Angoumois)

Statistique monumentale de la Charente (Abbé J.H. Michon)

Diagnostic de P. Villeneuve

La Charente communale (abbé Nanglard)

Le château de Blanzaguet (P. Dussidour)

 

 

Document réalisé par :

Les Echappées Vertes

www.lesechappeesvertes.com

Plan Blanzaguet bourg pas à pas.png
bottom of page